Abbaye St-Feuillien

Présentation

Saint-Feuillien était un moine irlandais. Il est né aux environs de l’an 600 sur l’île d’Inchiquin, sur le lac Corrib, à l’ouest du pays. A l’époque, l’Irlande générait de nombreux missionnaires et Saint-Feuillien (de son vrai nom Faelan) et ses deux frères en firent partie dès l’âge adulte.

Représentation de Saint Feuillien (autel latéral de l'église Saint-Nicolas du Roeulx)

Représentation de Saint Feuillien (autel latéral de l’église Saint-Nicolas du Roeulx)

Une autre représentation de Saint-Feuillien à l'Eglise du Roeulx.

Une autre représentation de Saint-Feuillien à l’Eglise du Roeulx.

Après un voyage de plusieurs années qui l’amena en Angleterre, puis en France, Saint-Feuillien arriva au Monastère de Nivelles tenu par Sainte-Gertrude (645). Celle-ci lui fit don de terres à Fosses afin qu’il puisse y fonder un monastère (651). En l’an 655, en provenance de Nivelles et se dirigeant vers la France, il tombe avec ses compagnons sur des brigands qui l’égorgent, le décapitent et lui volent monture et biens. Son corps, enterré par les assassins dans une porcherie, ne sera retrouvé que 2 mois plus tard et sera ramené en grandes pompes à Nivelles puis à Fosses.

Assassinat de Saint-Feuillien (gravure du chœur de la Collégiale de Fosses-la-Ville)

Assassinat de Saint-Feuillien (gravure du chœur de la Collégiale de Fosses-la-Ville)

Découverte des restes de Saint-Feuillien (gravure du chœur de la Collégiale de Fosses-la-Ville)

Découverte des restes de Saint-Feuillien (gravure du chœur de la Collégiale de Fosses-la-Ville)

L’endroit où ses restes furent retrouvés fut marqué d’une croix puis d’une chapelle appelée “chapelle de Sénophe”, et sera visité au cours des siècles par de nombreux pèlerins.

C’est à proximité de cet endroit que fut créée, en 1125, par des moines de l’ordre des Prémontrés, une abbaye dédiée à la mémoire de Saint-Feuillien. L’ordre venait d’être créé en France par Saint-Norbert; jusqu’à cette époque, les groupes religieux pratiquaient presque exclusivement la prière et la contemplation. Avec les Prémontrés, une nouvelle dimension est apportée, avec l’aide sociale et l’intégration à la population locale.

Maquette réalisée par un étudiant en architecture sur les indications de Ph. MASSIN (Cercle d'Histoire)

Maquette réalisée par un étudiant en architecture
sur les indications de Ph. MASSIN (Cercle d’Histoire)

Avec un domaine propre d’une superficie de 15 hectares, l’abbaye va être à l’origine de la naissance de la ville du Roeulx, juste à côté. Tout au long de son existence, il y aura entre 20 et 40 religieux, mais aussi un médecin, un chirurgien, un pharmacien, des cuisiniers, un valet, un brasseur, un jardinier, des ménagères, … L’abbaye aura des possessions au Roeulx, bien sûr, mais aussi dans beaucoup de villages environnants. Les revenus seront parfois importants, surtout peu avant la révolution qui sera fatale. Tous ces détails peuvent être connus grâce à l’analyse méthodique des fonds d’archives laissés par l’abbaye et conservés aux archives du Royaume.

Au cours des siècles, le pouvoir de l’abbaye va aller en diminuant au profit de celui des Seigneurs du Roeulx. Et c’est peu après la révolution, en 1797, à la suite de l’occupation française, que les religieux vont quitter l’abbaye. La plupart des bâtiments vont être détruits, après avoir été achetés par un certain PAPIN, futur maire du Roeulx, puis par la famille de Croÿ, au début du 19ème siècle, pour constituer la partie nord du parc du château. Seules l’entrée de 1770 et la maison du portier subsistent aujourd’hui (voir photo ci-dessous) ainsi qu’un morceau du mur du potager, des fondations, quelques caves, une série de tableaux (actuellement à la cathédrale de Tournai et, peut-être, au home Saint-Jacques), quelques pièces d’architecture, des stalles (également à la cathédrale de Tournai) et un certain nombre d’objets divers. Il faut noter que c’est grâce à quelques-uns des derniers religieux, et en particulier à Norbert DURIEU, dernier abbé de Saint-Feuillien, qui est devenu par la suite Chanoine de la cathédrale de Tournai puis curé de Strépy (sa pierre tombale se trouve à l’intérieur de la petite église du village), que quelques vestiges importants ont pu être sauvés.

Maison dite "du portier"

Maison dite “du portier”

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Sur le côté de la maison, dans le mur donnant vers le porche d’entrée, on peut apercevoir la fenêtre (murée aujourd’hui) par laquelle le portier de l’abbaye surveillait les entrées et les sorties de la propriété.

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La porte de l’ancien potager de l’abbaye a été murée il y a de nombreuses années. Le potager lui-même laisse place aujourd’hui à un lotissement et à de nouvelles constructions.

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Dans la partie nord du parc du château, entre la rue de l’Abbaye et le grand étang, subsistent quelques vestiges et pierres de l’abbaye Saint-Feuillien, en particulier à l’emplacement de l’ancienne église abbatiale et du cloître.

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Il est possible que les deux lions entourant l’entrée de la cure actuelle proviennent de l’abbaye Saint-Feuillien. L’un porte les armes de l’abbaye (il est endommagé), l’autre celles de l’abbé de Saint-Feuillien (photo). Ils ont récemment été volés puis retrouvés et replacés.

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Un autre joyau de l’abbaye est un superbe ostensoir (1542) appartenant à l’église du Roeulx et conservé à Soignies, avec d’autres trésors, au musée du Chapitre de la collégiale Saint-Vincent. Ce superbe objet, attribué à Estiévin de Bussy – fils, revient une fois par an au Roeulx, le dimanche de l’Adoration (aux environs de la Saint-Nicolas). Les trois statuettes montées sur l’ostensoir sont celles de Dieu, Saint-Pierre apôtre (portant une clé) et Saint-Paul de Tarse; au sommet, la colombe du Saint-Esprit et le Christ en croix. Cet ostensoir a fait l’objet d’une restauration en 1860 par un orfèvre tournaisien. D’autres vestiges provenant probablement de l’abbaye se trouvent à l’intérieur de l’église du Roeulx.

Photo Benoît Hautenauve

Photo Benoît Hautenauve

Après la révolution française, l’abbaye de Saint-Feuillien fut fermée et les bâtiments vendus. Certaines pièces de mobilier furent transportées à Tournai sous la surveillance de Norbert DURIEUX (1803). C’est ainsi que le centre de la cathédrale est actuellement occupé par les stalles de l’abbaye de Saint-Feuillien et de Saint-Ghislain.

Photo Benoît Hautenauve

Photo Benoît Hautenauve

Cette peinture représentant Saint-Norbert, fondateur de l’ordre de Prémontré, se trouve avec d’autres dans un étroit couloir de la cathédrale de Tournai. Elle a été réalisée au 18ème siècle par le peintre bruxellois Eykens (1719-1753). Elle provient également de l’abbaye Saint-Feuillien où elle se trouvait probablement dans les garnitures en bois surplombant les stalles.